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Une hollandaise devient entrepreneur à Beyrouth avec l'aide de ses amis

Une hollandaise devient entrepreneur à Beyrouth avec l'aide de ses amis

Cet article fait partie de notre série sur les expatriés entrepreneurs.

Mercredi 9 octobre, Beyrouth : le Mezzanine café, le nouveau restaurant/bar du coworking space Alt City, est rempli d’un mix de Libanais et d’étrangers, tous réunis pour le lancement de Living Lebanon, un guide touristique pensé pour le Liban et qui sera bientôt décliné en site internet.

Ecrire un guide sur le Liban est une entreprise risquée dans laquelle même les Routard et les Lonely Planet ont refusé de s'aventurer. Il faut dire qu'étant donné le faiblissement du tourisme de ce petit pays, un guide touristique a peu de chance de devenir rentable.

Pourtant, le besoin est là. Les rares guides existants sont datés, comportent des indications erronées et des cartes incorrectes, notamment parce que ces guides n’ont pas pris en compte les spécificités du Liban et la façon de faire libanaise.

Alors qui serait assez fou pour passer un an à voyager à travers le pays à rédiger des critiques d’hôtels, dessiner des cartes ou expliquer le fonctionnement des bus libanais ?

Comment tirer un trait sur une vie agréable à Amsterdam

Elle s’appelle Saskia Nout et est hollandaise. Il y a encore deux ans, Saskia était chef de projet dans une clinique de recherche oncologique à Amsterdam où elle possédait une voiture, un appartement et évidemment… un vélo. Bref, une vie confortable. Pourtant, l'ennui et la lassitude la pousse à voyager.

A la fin d’un voyage qui l’a menée d’Afrique du Sud, où elle s’occupa de lions, au Liban, où elle appris l’arabe, en passant par Camino de Santiago, où elle réfléchi à sa vie (toute l’histoire sur son blog), elle décide de ne pas rentrer et de s’installer à Beyrouth, sans idée précise de ce qu’elle pourrait faire pour vivre. Ce n’est qu’une fois sur place qu’elle se rend compte que le pays ne dispose pas d’un bon guide et qu’elle décide de se lancer.

Ses économies lui permettront de survivre un an, en réduisant drastiquement ses dépenses ce qui lui laissera suffisamment de temps pour écrire son livre. Elle avisera du reste plus tard, décide t’elle alors.

Comment devenir entrepreneur, sans s’en rendre compte

Saskia a toujours été ouverte sur son projet, ce qui lui a permis de recevoir de nombreux feedbacks (d'autant plus qu'elle vivait dans une auberge de jeunesse pour rencontrer des voyageurs) et de rencontrer de nombreuses personnes souhaitant participer au projet. « Toutes les personnes à qui j’ai parlé étaient super enthousiastes, explique t’elle. J’ai réussi à tout organiser gratuitement, tout le monde voulait aider. »  

D’abord, c’est un ami qui a proposé de faire les cartes, puis une éditeur, amie de sa mère, qui a accepté de corriger son livre gratuitement, et enfin, un ami qui a offert de s’occuper de la couverture. A partir de là, il ne restait plus que la mise en page du livre.

Pourquoi ne pas le faire elle-même se dit-elle ? Elle apprend à se servir d’InDesign – encore une fois, avec l’aide d’un ami – et fini son livre. Une décision vite vue vu les avantages : Saskia garde le contrôle de son livre, et surtout économise beaucoup d’argent.

Car, à force, elle connaît bien l’industrie du livre et sait que, sur un si petit marché, il lui sera quasi-impossible de gagner de l’argent si elle doit reverser une (grosse) partie de ses bénéfices aux maisons d’édition et aux librairies.

Elle décide de continuer sur sa lancée et d’auto-publier son livre. Elle contacte elle-même des imprimeries, lance la production et contacte plusieurs propriétaires de café qu’elle connaît bien pour y vendre ses livres. Une situation gagnant-gagnant puisque les cafés prennent une commission bien plus faible que les librairies et que la vente du guide attirera de nouveaux clients dans ces cafés.

Saskia aurait pu s’arrêter là, mais elle est rapidement approchée par un développeur qui souhaite s’associer à elle pour lancer le site de Living Lebanon - il sera lancé dans les mois à venir -, et par un entrepreneur pour co-promouvoir son projet et le sien. « C’est ce que j’aime à propos du Liban, explique t’elle, tout le monde est entrepreneur, tout le monde a une entreprise, un restaurant ou un projet à promouvoir. » 

En novembre, donc, Studio Beirut, un plate-forme visant à sensibiliser les libanais à l’importance des espaces publics, organisera la soirée de lancement de Living Lebanon en grandes pompes, en recréant l’expérience libanaise dans une ancienne usine réhabilitée de 14 000 mètres carrés. Les brasseurs et vignerons libanais y présenteront leurs productions à côté d’artistes locaux et de musiciens qui transformeront l’ancienne usine en salle de concert et boite de nuit.

Living Lebanon est maintenant en vente pour 20$ à AltCity, à Café Younes, una adresse incontournable de Beyrouth, à Saifi Urban Gardens, une auberge de jeunesse/école d’arabe/rooftop branché/restaurant traditionnel, à Dar Bistro and Books, un restaurant/librairie, et dans la librairie El Bourj et la chaîne de librairies Antoine. Saskia Nout va continuer à ajouter des points de vente dans les prochaines semaines et prépare la vente de son livre en ligne.

Il y a plus d'un an, quand elle a emménagé au Liban, Saskia savait qu'y monter un projet ne serait pas facile, d’autant qu’elle ne connaissait personne. Mais elle avait cette impression que, entre le faible coût de la vie et le peu de régulation, tout y était possible et que tout pouvait s’arranger avec un peu d’inventivité et d’audace. Son expérience a certainement prouvé que parler de son projet peut rapporter gros, et qu’à plusieurs, tout devient effectivement possible. 

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