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Le Maroc est-il prêt à devenir un producteur clé de jeux vidéo ?

Le Maroc est-il prêt à devenir un producteur clé de jeux vidéo ?

Le marché des jeux vidéo est une industrie florissante qui dépasse depuis quelques années toutes les autres industries du divertissement, cinéma et musique compris, en termes d’impact culturel et de revenus financiers. A titre d’exemple, chaque année entre 2010 et 2013, un nouvel opus de la franchise Call of Duty écoulait près de 29 millions d’exemplaires par titre. Le très attendu Grand Theft Auto V a même dépassé en septembre dernier les 20 millions de ventes durant ses deux premières semaines de commercialisation, frôlant le milliard de dollars de revenus pour un budget de production initial estimé à 265 millions.

Ces blockbusters baptisés « AAA » ne représentent pourtant pas la richesse du marché puisque beaucoup de petits producteurs et de studios indépendants ont vu le jour aux quatre coins du globe pour bousculer l’ordre établi. Rovio, Halfbrick et Zynga n’en sont que les représentants les plus reconnaissables. Mais qu’en est-il du Maroc ?

Le Maroc montre un intérêt croissant pour les jeux vidéo. Les résultats de la  FNAC Casablanca en sont une belle preuve. Selon, Media24, les ventes de jeux et de consoles ont atteint 23 000 unités, sur la période 2007-2012, contre 45 000 pour les CD/DVD, 65 000 pour les produits techniques et 140 000 pour les livres. Cela a poussé le magasin spécialisé dans la distribution de produits culturels et électroniques à organiser deux événements, le tournoi FNAC Gaming Experience et les Journées mondiales du jeu vidéo.

Quelques jeux marocains 

Ubisoft, l’un des ténors de l’industrie, s’est intéressé au Maroc depuis plus de dix ans. Le numéro 3 mondial a ouvert à Casablanca un studio qui a travaillé sur des jeux aussi célèbres que Rayman, Les Lapins Crétins, Beyond Good and Evil et Prince of Persia.

Côté productions locales, les ressources humaines et financières ne sont toujours pas suffisantes pour assister à l’émergence d’un écosystème viable au Maroc, mais de plus en plus de jeux indépendants voient le jour, comme Germiz, en photo à gauche, sorti par Ezelia, l’un des premiers studios indépendants marocains.

Les Maroc Web Awards sont ainsi devenus l’occasion de recenser les applications web et mobiles les plus innovantes. Lors de la septième édition, plusieurs jeux ont participé dans la catégorie « Application de l’année » dont :

-       9talni Telj, jeu en HTML5 décliné en versions iOS et Android qui reprend le personnage d’une vidéo qui avait buzzé en 2012 sur les réseaux sociaux au sein de la communauté marocaine (en photo à droite) ;

-       Al Jawab Assahih, jeu de réflexion en arabe installé sur plus de 50 000 appareils ;

-       Alaab Alaaql, un autre jeu de réflexion et puzzles du même éditeur HeroKey, encore plus populaire puisqu’il a dépassé les 100 000 installations.

L’opérateur télécom privé marocain Inwi souhaite profiter de cette manne à venir en organisant les Inwi Days qui réunissent le temps d’un week-end professionnels et passionnés de jeux vidéo. La deuxième édition a eu lieu en octobre dernier à Casablanca et s’est conclu par un Hackathon Gaming. Plusieurs équipes de concepteurs en herbe s’étaient fixés pour objectif de développer une démo jouable en seulement 24 heures pour la défendre en 10 minutes devant un jury et espérer ainsi empocher 100 000 MAD de récompense (soit 82 000 $ US). Vous pouvez en lire le compte-rendu sur The Nexties.

Les Inwi Days

La majorité des prototypes étaient des jeux sociaux basés sur le principe du free-to-play, tendance indéniable du marché, et reposaient sur les technologies HTML5 et CSS3 beaucoup plus accessibles et versatiles que les langages de programmation plus conventionnels.

Le prix a été partagé par deux gagnants arrivés ex-æquo, le jeu de puzzle Trombia (qui signifie "toupie" en dialectale marocain) et le runner Roul (qui signifie "courir" et qui est dérivé du verbe "rouler"), tout deux profondément inspirés de la culture marocaine.

En organisant les Inwi Days, l’opérateur s’est positionné en tant que principal éditeur de jeux indépendant marocain puisque les 100 000 MAD de récompense s’accompagne d’une cession des droits de distribution.

Inwi a d’ores et déjà lancé sur Android deux jeux de cartes marocains utilisant des cartes espagnoles, Ronda et Sota, et un jeu de courses automobiles en 3D prenant place dans les rues de Casablanca, Rabat, Marrakech, Essaouira, Ouarzazate et Tanger, baptisé Tomobile Racing. Ces jeux ne sont pas exceptionnels, les commentaires de certains utilisateurs restent assez virulents quant à leur qualité et à leur originalité, mais avec des retours globalement enthousiastes (avec un brin de fierté nationaliste) et quelques dizaines de milliers d’installations comptabilisées, il est clair que le marché est porteur.

Les studios et éditeurs marocains

"Sur ce point, Anas El Filali est d’accord, puisqu’il déclare à chacune de ses interventions sur le serious gaming que le Maroc a le potentiel de devenir un hub régional. Il ajoute que la création de sites web, l’offshoring, le community management et l’hébergement en ligne sont des secteurs d’activité de plus en saturés au Maroc et que les domaines qui ont d’avantage d’avenir sont ceux où la créativité est sollicitée, comme la création de contenus ou le développement de jeux vidéo sociaux.
 
Il s'est ainsi associé à Ezelia pour regrouper une dream team constituée de jeunes talents qui travaillent actuellement sur un RPG hautement personnalisable basée sur un noyau en HTML5. Parmi ces faiseurs de miracles, le designer Mehdi Annasi que la rédaction The Nexties interviewait dès novembre 2012.

Au Maroc, les jeux vidéo ne génèrent pas encore les milliards de dirhams escomptés, mais la culture du gaming y est très forte, la consommation de jeux vidéo est en pleine croissance et de plus en plus de professionnels s’intéressent à une industrie embryonnaire mais extrêmement prometteuse.

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