عربي

Découvrez le pilote de ligne derrière une des plus grosses applis au Maroc et Algérie.

Découvrez le pilote de ligne derrière une des plus grosses applis au Maroc et Algérie.

Stéphane Lagouche n’est pas votre développeur d’appli habituel. Il y a dix ans, cet ingénieur français déménage au Maroc et se reconverti en pilote de ligne. Après plusieurs années, persuadé du potentiel des applications mobiles, il décide de changer à nouveau de carrière et de lancer sa propre agence de développement d’appli : BabDreams.

Fin 2010, deux ans après le lancement de l’AppStore, il ouvre boutique et embauche 3 personnes, qui apprendront le métier comme lui : sur le tas. Les premières applis en leur nom sortiront en 2011, dont la fameuse Maroc Presse, mais il faudra attendre 2013 pour que l’équipe puisse vivre des revenus de ces applis. En attendant, l’équipe sous-traite et prend part au marché marocain du outsourcing. Même s’il est très critique quant aux effets du outsourcing sur le marché marocain, il admet qu’il n’aurait jamais réussi sans cette entrée d’argent initiale, quand le marché était encore très jeune, et qu’il a appris beaucoup techniquement de chaque projet.

La genèse de Maroc Presse et du déploiement dans 7 autres pays 

Notant que, dans les pays occidentaux, les premiers à se lancer dans les applis étaient les médias, il lance Maroc Presse, une appli gratuite agrégeant les principaux médias marocains. Utilisatrice de Feedly, j’ai été étonnée par les fonctionnalités et l’expérience utilisateurs de cette appli. Elle permet de retrouver tous les médias de référence, classés par catégorie, et d’accéder à leur flux RSS (réparé et arrangé par BabDreams pour qu’il soit plus agréable à lire). L’appli affiche un extrait de l’article et il suffit de cliquer pour obtenir, sans quitter l’appli, l’article tel qu’affichait sur un navigateur mobile.

Six mois après ce lancement réussi, l’équipe lance Algérie Presse et connaît le même succès. Fort de ces deux expériences, l’équipe continue son expansion à l’étranger avec une édition égyptienne, libanaise, tunisienne, jordanienne et même française. 

L’entrepreneur estime avoir compris comment lancer des applis sur les marchés émergeants encore assez petits, grâce à une bonne compréhension des mécanismes publicitaires. Entrer sur le marché européen n’est pas aussi facile. En France, le studio ne peut pas se permettre de faire de la pub vu les prix qui y sont pratiqués, mais il a pu compter sur la fidélité de la diaspora arabe utilisant déjà les autres applis pour lancer l’appli. Une appli anglaise verra prochainement le jour, il sera intéressant de voir si l’appli réussira à s’imposer sans publicité.

Aujourd’hui, c’est 80 000 utilisateurs qui se connectent chaque jour sur ces différentes applis de presse, pour un total de 250 000 sessions par jour. C’est une bonne nouvelle pour l’agence qui monétise en vendant de la publicité. Elle vend en effet 65 millions de bandeaux par mois. Pour autant, Stéphane est clair, le marché de la publicité digitale n’est pas encore prêt dans les pays du monde arabe, c’est la vente de publicité géolocalisée dans les pays européens qui fait vivre l’entreprise, ajoutant que, dans le cas de Maroc Presse, deux tiers de ses revenus proviennent des 40% d’utilisateurs résident à l’étranger. « Nos utilisateurs sont ici, mais notre marché n'est pas ici », explique l’entrepreneur, qui note cependant que le marché publicitaire local commence à se développe.

Parallèlement, Babdreams a sorti une nouvelle application pour le marché marocain : Maroc Insolite, une appli au contenu généré par les utilisateurs sur laquelle les utilisateurs peuvent consulter des photos insolites du Maroc. Sur les 35 000 photos en ligne, 4 000 ont été envoyées par les utilisateurs, et, chaque jour, l’équipe reçoit 50 photos d’utilisateurs, pour autant seules 5 à 6 sont publiées afin d’assurer la qualité du site et éviter les doublons.

Trois petites leçons

Stéphane a tiré quelques leçons de ces différentes expérimentations. En voici trois majeures :

  • Faire jouer le communautaire

« Ce qui marche c'est le communautaire, le « Maroc » de Maroc Insolite, le « Algérie » d’Algérie Presse » explique l’entrepreneur.

Au contraire, Afrique Funny, la version africaine de Maroc Insolite, n'a jamais vraiment pris, m’explique Stéphane qui explique cet échec à la taille du continent. Peut être que s’il avait lancé Sénégal Funny, l’appli aurait pris, imagine t’il.

Frappé par le dynamise des commentaires sur Maroc Insolite, Stéphane décide d’essayer quelque chose de nouveau et lance un système de messagerie au sein de l’appli. Aujourd’hui 15 000 utilisent la messagerie par jour.

  • Faire de la qualité

Pour l’entrepreneur, les entreprises européens qui se sont installées au Maroc ont cassé le pays car elles privent les développeurs de la possibilité de spécialiser et ne les incitent pas à faire du travail de qualité qui tiendra la distance, parce qu’ils tirent leurs salaires vers le bas mais aussi parce qu’ils déconnectent la création de l’appli de son suivi et de sa maintenance. 

C’est un vrai problème car propre aux applis, car il restera toujours des utilisateurs qui mettront pas à jour leurs applis et continueront d’utiliser une appli beuguée. Il faut donc être très vigileant sur la qualité des applis.

  • Se diversifier

Babdreams compte maintenant huit applis presse, deux applis insolites et quelques projets plus ambitions à venir, développées sur plusieurs OS et monétisées à travers plusieurs régies. Derrière cette diversification, une logique simple : ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier.

Cette stratégie lui permet de minimiser les risques mais aussi d’expérimenter pour, c’est ce qu’on lui souhaite, donner vie à l’appli qui va exploser. Grâce à Maroc Presse, BabDreams s’est assuré des rentrées d’argent régulières qui permet au studio de financer d’autres applis plus innovantes et avec plus de potentiels. Une stratégie de croissance qui s’inscrit dans la durée.

Thank you

Please check your email to confirm your subscription.