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Education Media Company lève 280 000$ ; retour sur une histoire hors du commun

Education Media Company lève 280 000$ ; retour sur une histoire hors du commun

Adam Bouhadma a 24 ans et vient de lever, pour son entreprise Education Media Company, 2,5 millions de dirhams marocains (280 000 USD) auprès du Maroc Numeric Fund. Figure respectée de l’entrepreneuriat marocain, Adam n’est pas un entrepreneur comme un autre. Sa première entreprise, 9rayti, devenue la référence dans la préparation des examens et de l’orientation post-bac au Maroc, il l'a lancé à 17 ans. Nous l’avons rencontré. 

Être entrepreneur et étudiant

En 2008, Adam prépare son bac et découvre qu’il n’existe pas de sites bien faits pour aider les étudiants à se préparer au fameux examen. « Il y avait des sites gérés par des profs mais ils n’étaient pas terribles en terme de présentation, » explique t’il.

Son bac en poche, il crée donc, avec deux amis, 9rayti, ma scolarité en dialecte marocain, un site qui agrège le contenu créé par les professeurs et disponible uniquement sur des sites mal organisés ou sur clés USB. Si ses deux amis décident par la suite se consacrer à leurs études, lui choisit de mener ses études et le site de front.

A 17 ans, l’entrepreneur se sent prêt. Déjà bloggeur et développeur web au lycée, il a déjà eu la chance de rencontrer plusieurs entrepreneurs web, comme Taher Alami ou encore Younes Qassimi, et a pris le temps de lire de nombreux blogs marocains et français sur l’entrepreneuriat web.

Le jeune homme, inspiré du modèle américain de l’étudiant qui travaille en parallèle de ses études, ne se voyait pas être seulement un étudiant, mais il ne se voyait pas non plus arrêter ses études comme ont pu le faire d’autres entrepreneurs précoces. «  C’est facile d’arrêter ses études [pour se consacrer à sa startup] mais c’est quand même un risque important » explique t’il.

Prouver que ce modèle est possible devient d’ailleurs une mission pour Adam, au point de prendre la parole pour prêcher la bonne parole, comme à la conférence Ignite en 2010.

9rayti, un site nouvelle génération 

Pour réussir, Adam en est convaincu, le site doit parler aux lycéens et leur ressembler. Il choisit donc un nom en dialecte marocain, plutôt qu’en arabe classique, et un logo avec des caractères latins et transcrit la lettre qaf par un 9, plus moderne.

Pour créer un site qui parle aux étudiants, il faut aussi comprendre leurs besoins, explique t'il. En allant sur des forums, il découvre que les jeunes Marocains ont beaucoup de questions sur leur orientation post-bac et n’arrivent pas à trouver les informations dont ils ont besoin. Il lance donc un annuaire des écoles supérieures et des universités avec des informations claires sur les procédures d’admission.

Page accueil 9rayti

Travailler avec les universités et les écoles 

En lançant cette offre, Adam sait qu’il crée le premier site permettant de donner de la visibilité aux écoles. A l’époque, les écoles et universités n’avaient que deux options pour communiquer en ligne : faire de la publicité sur la section de Menara.ma qui diffuse les résultats du bac ou faire de la publicité AdWords, alors peu développé dans le pays.

Dès avril 2009, l’entrepreneur commence à parler aux écoles et à la rentrée 2010, la startup compte déjà parmi ses clients, cinq écoles. Entre la médiatisation du site – « Les gens étaient intéressés par le fait qu’on soit des jeunes, ça nous a beaucoup aidé » - et la position unique du site, les écoles sont de plus en plus nombreuses à frapper à la porte de la jeune entreprise.

Un démarche de test

L’équipe décide vite de se diversifier afin de ne pas garder tous ses œufs dans le même panier. En 2012, ils tentent d’offrir des cours et exercices payants aux étudiants pour se préparer au bac, en passant par des SMS surtaxés. Mais les frais imposés par les opérateurs télécoms font grimper le prix final et les étudiants estiment l’offre trop chère.  

L’équipe décide donc de s’intéresser à des étudiants ayant des besoins plus spécifiques. Elle observe que les centres de formation aux concours aux écoles supérieures ne désemplissent pas alors même que les services offerts sont chers et uniquement disponibles dans les grandes villes et décide d’offrir une formation à l’un des concours d’école de commerce, en ligne et à bas prix. L’essai est probant, l’entreprise dégage du profit, et l’équipe lance Concourat, les concours en dialecte marocain, afin d’offrir plus de formations en ligne.


Adam Bouhadma dans les bureaux de Education Media Company

Le marché est limité mais l’offre est profitable, explique t’il. Pour autant, l’équipe est toujours à la recherche d’une offre qui permettra de toucher un grand nombre de bacheliers.  Ils lancent donc, en septembre 2014, Prepabac.ma pour offrir aux étudiants une préparation au bac préparée avec des professeurs. L’équipe va bientôt proposer aux étudiants des formations payantes.

Cette démarche de test a permis à Education Media Company de mettre fin rapidement à plusieurs services qui n’allaient pas fonctionner comme Smsorientation.com et de valider le potentiel d’autres projets avant d’y investir plus de temps et d’argent. 

Une levée de fonds pour aller plus loin

« [Cette levée de fonds], c’est une autre étape pour nous » explique le fondateur. Certes en 2013, l’entreprise a pu se permettre de recruter des employées, mais pour aller plus loin, il faut encore plus du contenu, et donc de l’argent.

« Le socle est là, on ne va pas développer de nouveaux services mais on va consolider les services existants en les étoffant en terme de contenu et de fonctionnalités. »

Cette levée de fonds a été très utile pour l’entreprise, explique Adam Bouhadma, « C’est un exercice très intéressant de devoir expliquer ce que tu fais à d’autres. Quand tu dois expliquer [ta vision], tu dois structurer aussi tes idées. » L’équipe de MNF a aussi beaucoup aidé l’entrepreneur à mettre au clair son business plan et à créer une nouvelle structure bien organisée et productive : Education Media Company, qui regroupe tous les sites créés par l’équipe de 2008.

Pour autant, il met en garde les entrepreneurs : « C’est un long process, il ne faut le faire que si on en a vraiment besoin. »

Crédit Photo : Education Media Company

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