عربي

Carmine s'associe avec la ville de Casablanca pour développer l'auto-partage au Maroc

Carmine s'associe avec la ville de Casablanca pour développer l'auto-partage au Maroc

Des places réservées pour Carmine dans Casablanca
L'auto-partage a désormais ses places de stationnement réservé à Casablanca

Rares sont les Casablancais qui savent ce que l’auto-partage est.

De l’autre côté de l’Atlantique, le concept n’a plus rien à prouver. Aux Etats-Unis, plus de 800 000 personnes sont inscrits chez Zipcar, le leader national, et partagent, d’une certaine façon, une flotte d’autos. Ils ont accès à plus de 8 000 voitures, stationnées dans de nombreuses villes, qu’ils peuvent utiliser quand l’envie leur prend. Ils paient chaque utilisation à l’heure ou à la journée et tout est inclus : carburant, maintenance et assurance.

Depuis un an, un jeune diplômé de 28 ans, Mohammed Mrani Alaoui, veut lancer un service similaire dans le royaume.

Après six mois de tests, le Marocain vient de signer un partenariat avec Casa Développement, la filiale en charge du développement de la ville de Casablanca. Grâce à cet accord, les voitures de son service Carmine auront accès à un certain nombre de places de stationnement public. C’est définitivement la fin de la phase de pilote pour le jeune service.

L’auto-partage, pas que pour les pays développés

A son retour des Etats-Unis, où il utilisait Zipcar de façon régulière, Mohammed chercha un service d’auto-partage à Casablanca, en vain. 

Il découvrit en revanche que Zipcar s’était lancé en Europe ainsi qu’en Turquie et qu’en Turquie, l’auto-partage prenait de l’ampleur. En 2013, un des acteurs locaux, Yoyo, avait levé plus de cinq millions de dollars et comptabilisait, en 2014, plus de 3 000 membres.

Personne, en revanche, n’avait tenté l’aventure en région MENA.

« C’est une opportunité, estime Mohammed Mrani Alaoui. Si les opérateurs de l’auto-partage ne sont pas venus ici, ce n’est pas que le marché n’est pas intéressant mais qu’ils ont vu d’autres opportunités ailleurs. »

Au départ, il imagine que les utilisateurs seront de jeunes professionnels qui ne peuvent pas ou ne veulent pas acheter de voitures (comme c’est son cas) ou des couples et familles qui décident de ne pas faire l’acquisition d’une seconde voiture.

Suite au pilote, il découvre qu’une grosse partie de ses clients sont en fait des PME qui ne veulent pas acheter ou louer de véhicules en leasing (ce qui les engage pour minimum de quatre ans) et préfèrent ne payer une voiture que lorsque leurs employés en ont besoin.

Posséder une voiture au Maroc coûte en moyenne 7 000 dirhams (700 USD par mois) explique Mohammed Mrani Alaoui, ce qui couvre l’emprunt, l’assurance, les taxes, le stationnement et la dépréciation. Les membres de Carmine ne paient eux que 590 dirhams par an (55 USD) de frais d’adhésion, plus 30 dirhams (3$) par heure + 1 dirham/km (0,10$) pour couvrir le kilométrage et le carburant.

« Ce n’est pas une niche » estime Mrani Alaoui. Selon lui 90 000 Casablancais ont un permis mais pas de voiture et suffisamment d’argent pour utiliser le service.  

Mohammed Mrani Alaoui dans une voiture Carmine
Mohammed Mrani Alaoui dans une voiture Carmine 

Une initiative ambitieuse

« C’était un grand challenge, avoue Mohammed. J’avais sous-évalué la complexité du service mais j’avais envie de prendre ce risque et d’être un premier entrant. »

Pour créer le logiciel et la boite qui permet d’ouvrir et démarrer la voiture, Mohammed est passé par un spécialiste.  Le reste a été plus compliqué.

Côté légal, il lui a fallu convaincre des assureurs et obtenir l’agrément nécessaire pour devenir un loueur de voitures.

Il a ensuite fallu expliquer le concept et le fonctionnement du service aux utilisateurs potentiels et prouver le sérieux et l’utilité du projet.

« Le marché répond bien mais nous avons besoin de recruter du personnel pour offrir un bon service et suivi » explique l’entrepreneur

Actuellement, Mohammed Mrani Alaoui et son associé, un retraité qui agit comme business angel et conseiller, peuvent compter sur l’aide d’un marketing manager et d’un fleet manager pour gérer la logistique.

Convaincre les grosses entreprises

Pour prouver leur crédibilité, l’équipe de Carmine a choisi de faire des partenariats avec des acteurs respectés, parmi lesquels la ville de Casablanca.

« Nous voulions avoir accès à des places de stationnement publics dès le début mais cela s’est avéré compliqué » a expliqué Mohammed Mrani Alaoui à Wamda.

« Il nous a fallu trouvé les contacts qui pourraient nous introduire aux bonnes personnes au sein de Casa Développement » explique l’entrepreneur. Après six mois à être introduit à différentes personnes, Mohammed a finalement pu avoir le rendez-vous avec la personne capable de les aider.

La convaincre de leur réserver des places de stationnement à un prix raisonnable a été facile.

« La ville de Casablanca cherche à développer une ville intelligente, plus propre. Soutenir l’auto-partage est donc aligné avec la politique de la ville » explique t-il.

L’auto-partage donne aux individus la possibilité de n’utiliser une voiture que les quelques heures par mois où ils en ont besoin et d’utiliser les transports publics le reste du temps, ce qui réduit de façon drastique le nombre de voitures en ville. Selon Zipcar, si le service n’existait pas, un membre sur quatre aurait fait l’acquisition d’un véhicule.

Payer l’utilisation d’une voiture à l’heure permet aussi de prendre conscience du coût que la conduite représente et d’ainsi réduire le nombre de trajets effectués en voiture.

Mohammed Mrani Alaoui a aussi noué un partenariat avec Fiat. Il a ainsi obtenu, avant même le lancement du service, cinq voitures à un taux avantageux. Depuis, l’entrepreneur a rajouté cinq voitures à sa flotte. Les dix voitures sont garées aux quatre coins de la ville, du Technopark à Casa Port en passant par le boulevard d’Anfa.

L’entreprise autofinancée compte aujourd’hui 100 membres ayant déjà fait au moins une location et 40 utilisateurs actifs.

Ils sont désormais en discussions avec des investisseurs en MENA et au Maroc pour lever suffisamment de fonds pour atteindre les 3 000 membres et 30 véhicules d’ici un an.

Thank you

Please check your email to confirm your subscription.