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4 preuves que le Maroc est à un point d'inflexion

4 preuves que le Maroc est à un point d'inflexion


Une nouvelle étape pour les startups marocaines (photos via Travelling book junkies)

Sur les cinq continents, les gouvernements veulent construire des écosystèmes pour startups forts, les villes se battent pour attirer les talents et les entreprises commencent à être prêtes pour l’open-innovation. Le Maroc ne fait plus exception à la règle.

Aujourd’hui, le Maroc semble avoir atteint le point d’inflexion qui lui permettra de développer une scène entrepreneuriale forte. Mais est-ce que les effets vont suivre ?

Tout le monde veut être de la partie

Ces quatre dernières années, des organisations internationales ont établi ou développé leurs activités dans le pays.

Startup Maroc, un affilié de Startup Weekend, organise des évènements pour sensibiliser à l’entrepreneuriat, CEED, une ONG américaine, soutient les PME, Endeavor, un réseau international, aide les entrepreneurs à grandir, et Réseau Entreprendre, une association française, offre du mentorat et des prêts d’honneur.

Mieux encore, depuis le Global Entrepreneurship Summit qui a eu lieu à Marrakech en novembre 2014, startups et entrepreneuriat sont devenus les mots à la mode dans le monde du business marocain. De nombreuses initiatives ont vu le jour, les banques ont créé des prix, comme le BMCE African Entrepreneurship Award, et l’association patronale, la CGEM, multiplie les projets.

Mais 2015 est probablement l’année qui restera dans les annales. Le nombre de startups créées a quintuplé depuis 2012 et quatre incubateurs/accélérateurs ont vu le jour.

Impact Lab de Eiréné4Impact – premier incubateur marocain que j’ai créé en 2014– se concentre sur l’entrepreneuriat à fort impact, Dare Inc. du MCISE et l’Espace Bidaya du Comptoir de L’Innovation sur l’entrepreneuriat social et Cluster Solaire de la MASEN sur les technologies vertes.

NUMA, l’accélérateur français et spécialiste de l’innovation, va ouvrir le premier accélérateur généraliste en janvier 2016 en partenariat avec Eiréné4Impact. D’autres acteurs, tels que l’accélérateur arabe Flat6Labs, s’intéressent aussi au Maroc et ses rôles de carrefour entre l’Europe, l’Afrique et le monde arabe et de plateforme idéale pour l’innovation dans la région.

Pourtant, le nombre de startups créé reste très bas et le taux de succès abyssal. Alors que ce passe t-il ? Tous ces efforts sont-ils en vain ? Est-ce là juste une tendance à la mode condamnée à disparaitre ?

Un meilleur accompagnement

La qualité de l’accompagnement aux startups a toujours été assez faible au Maroc, étant donné qu’il n’existait que grâce à l’initiative de jeunes diplômés et d’acteurs de la vie associative avec peu ou pas d’expérience du monde de l’entreprise.

Mais aujourd’hui, ces organisations murissent progressivement, les incubateurs locaux récemment lancés sont dirigés par des professionnels avérés et des accélérateurs étrangers ouvrent boutique.

Mieux encore, cette dynamique pousse les acteurs traditionnels qui soutenait l’entrepreneuriat pour la forme ou sans y apporter la profondeur nécessaire, tel que l’AFEM ou le Technopark, à revoir leurs services pour ne pas devenir obsolètes.

Cette dynamique est renforcée par des acteurs privés, tels que le OCP Entrepreneurship Network qui offre un soutien financier pour améliorer la qualité des startups et disséminer des bonnes pratiques.


L'an dernier, le Global Entrepreneurship Summit avait attiré les dirigeants des plus grosses entreprises marocaines (photo via GES)

Plus d’argent

Jusqu’à présent, il était quasi impossible de trouver du financement d'amorçage. Seul le Réseau Entreprendre Maroc (REM) et Eiréné4impact offraient du financement d’amorçage – 10 000 USD en prêt d’honneur pour le premier et jusqu’à 150 000 USD en investissement pour le second. Mais les choses changent.

J’ai été sollicité par plusieurs fortunes privées souhaitant se lancer dans le capital-risque et qui cherchaient un intermédiaire de confiance pour sourcer des startups de qualité.

Aujourd’hui, le président de REM, Aziz Qadiri, la directrice de CEED Morocco, Fatim-Zahra Oukacha, et moi-même nous réunissons pour faire revivre le réseau moribond de business angels Atlas Business Angels.

Mieux encore, le gouvernement marocain a lancé deux initiatives.

Maroc PME, l’agence gouvernementale responsable pour le développement des PME, a pour nouvel objectif de soutenir les startups et leur écosystème à travers de la subvention et facilité l’accès à l’expertise.

Tandis que la Caisse Centrale de Garantie (CCG), l’entité en charge de facilité le financement de l’entreprise, vise à fournir de l’investissement d’amorçage et de démarrage en partenariat avec la Banque Mondiale.

Plus de talents

L’entrepreneuriat n’avait pas réussi jusqu’à présent à attirer les talents marocains, mais les choses changent.

En mai dernier, nous avions organisé à Eiréné4Impact une Master Class sur l’entrepreneuriat avec l’ESSEC Business School de Paris. Nous en avions seulement parlé sur notre page Facebook, qui comptait alors 500 fans, et nous attendions à recevoir 50 personnes. Nous avons reçus plus de 5 000 demandes, principalement venant de jeunes cadres travaillant dans de gros groupes. Beaucoup étaient intéressés par l’entrepreneuriat mais ne souhaitaient pas prendre le risque se lancer s’il n’y avait pas un écosystème fort et crédible.

Pour notre program Impact Camp, un bootcamp d’une semaine sur l’entrepreneuriat à fort impact, nous avons sélectionné 54 personnes avec des profils divers et variés entre 21 et 35 ans. 11 projets y ont été développés pendant une semaine pleine d’énergie.  A la fin du camp, 95% ont exprimé leur envie de lancer leurs startups dans l’année et 60% ont postulé à nos programmes de pré-incubations.

Ce qui est intéressant, c’est que certains était des cadres talentueux qui ont les acquis nécessaires pour créer une entreprise durable et rentable. Ce sont ces personnes qui ont le plus de chance de créer une startup innovante et de réussir l’aventure.

Plus d’acteurs

Les grandes entreprises, les organisations de développement et même les agences gouvernementales sont maintenant conscientes du besoin d’innover, ensemble.

Depuis cet été, nous sommes en discussion avec trois grosses entreprises et deux agences gouvernementales pour créer des plateformes d’innovation. Bien que rien ne soit signé, c’est un très bon signe quand on se rappelle qu’il y a de cela un an, l’innovation, et surtout l’innovation ouverte, était jugé non nécessaire par beaucoup de ces organisations.

Il y a encore beaucoup à faire pour que le Maroc puisse commencer à produire des startups de grande qualité.

  • Les organisations de soutien doivent continuer de se professionnaliser, doivent demander plus de nos entrepreneurs, mettre un terme au phénomène de “serial pitcher” et  s’étendre au-delà de l’axe Rabat-Casablanca.
  • Les programmes gouvernementaux, surtout en termes de financement, doivent devenir opérationnels et concrets et doivent encourager de manière pratique les investisseurs à investir en phase d’amorçage
  • Nous devons attirer plus de talents marocains et internationaux (notamment venant de la diaspora) vers l’entrepreneuriat.
  • Les entreprises et les agences gouvernementales doivent s’ouvrir aux et travailler avec les startups.

Nous sommes loin d’avoir un écosystème startup durable mais si nous apprenons à travailler ensemble, nous pourrions réellement avoir une scène startup vibrante dans les années qui viennent.

Pour aller plus loin : 

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