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A Casa, la course aux applications pour améliorer la vie en ville

A Casa, la course aux applications pour améliorer la vie en ville

Si tout le monde s'y met, la vie urbaine pourrait devenir beaucoup plus agréable
Si tout le monde s'y met, la vie urbaine pourrait devenir beaucoup plus agréable (photo via Amine Elaoui)

Routes et trottoirs endommagés, feux de circulation et éclairage public défectueux, carrefours dangereux, espaces verts mal entretenus, objets encombrants et véhicules abandonnés, agressions et crimes, les villes marocaines sont une vraie source de stress et de frustration pour les citadins !

Twiyar veut changer ça et édifier « des villes où il fait bon vivre ».

L’application mobile permet aux habitants de signaler un problème aux autorités compétentes en vu de sa résolution.

L’idée est venue d’un groupe Facebook, "Save Casablanca", dont les fondateurs étaient membres et qui compte à ce jour 39 611 membres. Le groupe est un espace de discussion et de notification d’anomalies dont le but est de fédérer une action citoyenne pour préserver la qualité de vie et la mémoire de la ville.                 

« J’avais l’impression qu’on versait de l’eau dans du sable, et que le groupe n’avait pas l’impact souhaité », explique Ibrahim Bennouna, cofondateur du projet Twiyar, au côté de Said Elnejar.

Il regrettait que les échanges avec les présidents d'arrondissement n’étaient pas dynamiques et que la plupart des réclamations n’étaient pas résolues. 

«  De là a germé l'idée d'aller plus loin et de créer cette plateforme » continue t-il.

Comment ça marche ?

En Angleterre, le concept a prouvé son utilité. Le pionnier mondial FixMyStreet fondé en 2007 est partenaire de quelques 450 autorités locales (conseils de district et conseils municipaux) et a permis la résolution de plus de 200 000 réclamations.

Pour utiliser Twiyar, Il suffit de prendre une photo et de choisir la catégorie du problème à signaler. L’application se charge ensuite d’ajouter les informations de géolocalisation et de remonter la réclamation aux entités concernées.

Ce processus collaboratif permet d’une part aux citoyens d’être des initiateurs et un relai majeur du développement de leur ville, et d’autre part aux mairies et sociétés de service public de constituer une cartographie des incidents pour mieux gérer les priorités et planifier leurs interventions à un moindre coût.

L’application est actuellement en phase de test auprès d’une dizaine d’utilisateurs présélectionnés  et sera proposée à partir de fin janvier 2016 en téléchargement pour le grand public.

Travailler avec les institutions publiques, un joli défi

Le modèle économique de la startup repose sur la gratuité pour les utilisateurs et la facturation du service pour les entités en charge du service public avec plusieurs options d'abonnements en fonction des fonctionnalités choisies et du volume d'utilisation.

Twiyar est toujours en prospection du premier client institutionnel et est en discussion avec un acteur majeur d’une grande ville marocaine.

Il est facile d’imaginer la complexité de cette tâche étant donnée la grande résistance au changement dont font preuve les entités chargées des services publics au Maroc.

Néanmoins, avec la nouvelle stratégie digitale des administrations marocaines en application du plan Maroc Numeric, des collaborations public-privé sont tout à fait envisageables à condition de faire mieux que la concurrence.

Casa Mdiniti
L'appli Casa Mdiniti, "Casa ma ville", commandée par la ville de Casablanca 

En effet, la ville de Casablanca a déjà son application dédiée à la propreté, Casa Mdinti, qui repose aussi sur la géolocalisation des anomalies et leur notification par photos ou vidéos. Elle est développée pour la ville de Casablanca par la célèbre agence web casablancaise Mobiblanc.

Ce n’est pas la seule. Mdinti, en arabe « ma ville », est une application disponible sur l’App Store et dont les fonctionnalités et mode de fonctionnement sont identiques à première vue à Twiyar.

 « Concernant la concurrence, nous ne préférons parler des points de différenciation qu’au lancement effectif de l’application » bat en touche Ibrahim Bennouna.

L’œuf et la poule

Malgré l’aide apportée par le programme de mentoring d’Enpact, le primo-entrepreneur devra faire face aux mêmes défis que leurs concurrents.

Jusqu’à maintenant Casa Mdinti et Mdinti ne semblent pas avoir réussi à mobiliser la masse critique d’utilisateurs nécessaire pour impacter le développement des villes marocaines.

A ce jour, elles comptabilisent quelques milliers de téléchargements, et à peine quelques centaines de signalements sans aucune indication sur les réclamations traitées et résolues. Aucune des deux équipes n’ont pour l’instant répondu à nos questions.

L’intérêt des citadins de contribuer à Twiyar ne sera renforcé que si les anomalies signalées sont réellement traitées. De même pour les autorités, qui ne seront intéressées à avoir un accès payant à la plateforme que si les signalements sont réguliers et en nombre important.

Un dilemme bien connu des fondateurs des réseaux sociaux et marketplaces que Twiyar devra résoudre avec beaucoup de créativité et de persévérance.

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