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La guerre des applis de réservation de taxis se prépare au Maroc

La guerre des applis de réservation de taxis se prépare au Maroc

La nouvelle a vite été relayé sur tous les sites d’informations marocain : Uber cherche un community manager pour Casablanca. Le fameux service de taxi s’apprête t’il vraiment à s’attaquer au Maroc ?

On le saura bientôt. Une chose est sure : Uber n’est pas la seule entreprise à s’intéresser au marché marocain. Deux services, iTaxi et Taxiii, ont déjà été lancés sur ce créneau dans le royaume.

Une question de timing

Cela faisait déjà plusieurs années que Yassir El Ismaili El Idrissi,  fondateur de Taxiii, et Ali Echihabi Nadifi et Tayeb Sbihi, cofondateurs de iTaxi, voulaient lancer une entreprise au Maroc, mais aucun des projets sur lesquels ils avaient travaillé ne leur semblaient suffisamment prometteurs. C’était jusqu’à ce que les applis de réservation de taxis s’imposent comme le service le plus hot de 2014 en Afrique et au Moyen-Orient.

Pour Ali Echihabi Nadifi, un ingénieur ayant travaillé au Canada, il fallait sauter sur l’occasion et « se lancer sur la fièvre des applis de taxis avant que tout le monde ne s’y mette [au Maroc] ». Il s’attend à ce que les applis de réservation de taxi connaissent le même sort que les sites de daily deals au Maroc : une ruée vers ce secteur, une croissance rapide et seulement quelques gagnants.

C’est ce même sentiment d’urgence qui a poussé Yassir El Ismaili El Idrissi, un responsable RH qui a travaillé pour plusieurs groupes marocains et cabinets de conseil en France. « On a le bon timing - dans les villes au Maroc 60% des gens ont un smartphone » explique t’il. 

C’est ainsi que Taxiii a vu le jour à Rabat en juin 2014, puis à Casablanca, et que iTaxi a lancé son service à Casablanca en mai 2014.

Un besoin qui va s’imposer

Le timing est peut-être le bon, mais y a t’il vraiment un besoin alors même que l’on peut trouver des taxis à tous les coins de rue dans les grandes villes marocaines ? 

Il y a tout d’abord un besoin pour des taxis plus sûrs, explique Yassir. Les femmes, notamment, se sentiront plus en sécurité dans un véhicule dont la position géographique est relevée toutes les 5 secondes, dans des voitures dont l’état a été vérifié par Taxiii et qui sont conduites par des chauffeurs sélectionnés par la startup.

Cet engagement sécurité est une priorité pour les deux services. « Je préfère avoir des problèmes de disponibilité [de chauffeurs] que de recruter n’importe qui » explique Yassir qui affirme connaitre les chauffeurs de Taxiii un par un.

A cela s’ajoute un besoin pratique. Trop souvent, les Casaouis ou Rabatis se trouvent dans une situation où ils n’arrivent pas à trouver un taxi libre immédiatement et ce sera sûrement dans ce genre de situations que les gens commanderont pour la première fois un véhicule sur Taxiii. Les utilisateurs convaincus renouvelleront ensuite leur expérience pour ne pas avoir à attendre dans la rue, surtout le soir ou en hiver, continue t’il.

Deux services, deux approches, une perspective africaine.

Si les trois entrepreneurs se sont inspirés de Uber et permettent à leurs utilisateurs de réserver un chauffeur sur leurs applis, ils ont aussi tenus à adapter leurs services au marché marocain.

Compte tenu de leurs moyens financiers et de la réglementation en place, ils ont choisi de passer par des chauffeurs de « petits taxis », l’appellation des taxis urbains au Maroc, pour les courses immédiates.

Ils ont ensuite choisi de permettre à leurs utilisateurs de réserver un chauffeur à l’avance car, comme l’explique Ali, à part Uber, peu de services ont suffisamment de chauffeurs pour garantir l’arrivée immédiate d’une voiture à n’importe quel moment de la journée.

Pour Yassir, il était également très important que tout puisse se faire sur mobile vu le taux de pénétration des smartphones dans le pays. Sur l’appli de Taxiii donc les utilisateurs peuvent commander un petit taxi, réserver un chauffeur privé à l’avance, notamment pour des transports vers l’aéroport et des déplacements en ville (même si ces réservations peuvent aussi être effectuées sur le site de Taxiii), mais aussi arranger du carpooling pour se rendre dans d’autres villes.  

« La logique en Afrique, ce n’est pas de savoir où je vais demain, c’est de savoir où je vais dans une heure » explique t’il. C’est pour cela qu’il a ajouté un service de covoiturage en temps réel sur son appli.

Avec iTaxi, seuls les petits taxis peuvent être commandés sur l’appli. Pour réserver des chauffeurs privés pour des déplacements en ville ou des taxis pour des déplacements vers l’aéroport de Casablanca et pour des trajets vers une autre ville (courses aller-retour), les utilisateurs doivent passer sur le site de iTaxi, par téléphone ou par email.

Une appli technique 

Développer un service en Afrique entraîne aussi des défis techniques.

L’application des chauffeurs est ouverte six à huit heures par jour, explique Yassir El Ismaili El Idrissi à Wamda, et doit envoyer des coordonnées GPS exactes toutes les cinq secondes sans jamais planter ; un véritable défi pour peu que l’appli ait à tourner sur les smartphones personnels des chauffeurs, généralement des Android assez basiques, et compte tenu des micro-coupures de 3G fréquentes au Maroc.

La réponse à ce défi pour Taxiii a été de changer la façon dont les réservations sont envoyées. Normalement, explique l’entrepreneur, les demandes sont envoyées d’un coup à tous les chauffeurs et le premier qui accepte la demande la récupère, mais avec les coupures de 3G, le risque était trop grand que deux chauffeurs acceptent la même demande en même temps. L’équipe a donc choisi d’envoyer les demandes au chauffeur le plus proche et de passer au suivant dès que le premier a répondu.

iTaxi a opté pour une autre stratégie. Puisque les téléphones des chauffeurs sont trop basiques, le service de taxi les équipe de tablettes récentes, ce qui leur permettra aussi une meilleure visibilité de l’app que sur un smartphone.

Tayeb Sbihi et des chauffeurs de iTaxi
Tayeb Sbihi et des chauffeurs de iTaxi

S’adapter au paiement en liquide

Que les utilisateurs paient en liquide, c’était une évidence pour les deux entreprises, vu la faible bancarisation du pays et le montant prohibitif des transactions bancaires. En revanche, cela posait un problème de rémunération pour les deux entreprises : comment encaisser leur commission sur les trajets effectués si les paiements ne passent pas par eux ?

Les deux services ont choisi de faire payer les chauffeurs en avance, en leur vendant des crédits qui seront débités dès lors qu’ils accepteront une demande.

L’aventure ne fait que commencer pour les deux startups. Maintenant que leurs bêtas sont finies, les services vont devoir faire grandir leur réseau de chauffeurs – les deux services ont pour l’instant entre 60 et 80 chauffeurs chacun. A ce moment-là, seulement, pourront-ils commencer à accélérer leur recrutement d’utilisateurs, un aspect que les deux laissent volontairement de côté pour l’instant.

Les deux startups sont en train de finaliser des levées de fonds et Uber ne devrait pas tarder à rejoindre la course, avec un positionnement plus haut de gamme, il y a donc fort à penser que l’on n’a pas fini d’entendre parler de ce secteur.

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