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Des entrepreneurs français et marocain font d'une usine le premier incubateur marrakchi

Des entrepreneurs français et marocain font d'une usine le premier incubateur marrakchi

Entrée de l'incubateur Emerging Business Factory
Une porte s'ouvre sur le monde des startups (photos via Emerging Business Factory) 

Marrakech, la quatrième ville du Maroc, sait faire parler d’elle.   

Son tourisme brasse chaque année deux millions de touristes, sa vieille médina séduit par son débordement de vie, ses conférences internationales en font un Las Vegas méditerranéen, sa communauté d’expatriés français et européens nourri un secteur immobilier en plein boom et son artisanat fait survivre le savoir-faire ancestrale du pays.

Aujourd’hui, Taoufik Aboudia un marrakchi DG de Web Pick (agence web), et Pascal Chevalier, PDG de Reworld Media (groupe media multicanal français côté en bourse), aimeraientt qu’elle soit connue pour ses startups.

Il y a une semaine, ils ont ouvert Emerging Business Factory, un ambitieux espace dédié à l’innovation dans la tech et les médias.

C’est la première fois qu’un tel programme voit le jour. La ville ne compte jusqu’à présent ni parc technologique, ni espace de coworking, ni communauté structurée d’entrepreneurs.

La transformation d’une ancienne usine

Taoufik Aboudia ne veut pas brusquer les choses. Quand d’autres parlaient de lancer un technopole avec l’argent de l’Etat, lui pensait communauté.

« Je préfère les petits projets qu’on peut maitriser. Je leur ai dit pourquoi est-ce qu’on ne commencerait pas par un coworking space pour apprendre à connaître les acteurs digitaux à Marrakech et tenter des expériences, aller vers un incubateur et ensuite voir si on est prêt ou pas pour un technopole ? » explique t-il.

Dans le patio de Emerging Business Factory
Un espace imaginé par l'architecte Hicham Bnoussina

Après un et demi de bataille judiciaire, Taoufik parvient à récupérer une ancienne usine de textile dont Pascal Chevalier était propriétaire en plein cœur des show rooms du quartier industriel.

Six mois de travaux plus tard, Emerging Business Factory ouvre les portes.

L’espace de coworking offre d’ors et déjà 120 postes de travail pour 1200 dirhams (env 110€)  hors taxe par personne par mois et un restaurant.

Dans les mois qui viennent, un Sky Farm, un terrain d’expérimentation de l'agriculture urbaine, ouvrira sur la toit et un concept store verra le jour au rez-de-chaussée. Dans un premier temps, il permettra à l’architecte d’intérieur qui a travaillé sur cet espace, Hicham Bnoussina, d’exposer ses créations. Il sera ensuite investi par des jeunes créateurs de marques, conservant l’identité de l’espace et du quartier.

Ouvrir un concept store et un restaurant n’est pas qu’une décision monétaire. « Quand on est un geek, on est toujours enfermé dans une bulle », il est donc important de rencontrer du monde, de s’ouvrir, estime Taoufik.

Qui sait, en plus d’apporter des idées nouvelles et un regard critique, les visiteurs, en majorité des étrangers, pourraient aussi se transformer en clients.

L’incubateur suivra le même modèle que 50 Partners, l'accélérateur parisien co-fondé par Pascal Chevalier : un peu de financement, des formations et un espace de travail, en échange de parts.

Les deux incubateurs prévoient de travailler en collaboration, de co-investir, échanger des dossiers et parrains, nous explique Pascal.

Lancement de l’incubateur dès que l’équipe aura retenu suffisamment de mentors dont une grande partie viendront de France.

Pascal Chevalier et Taoufik Aboudia au lancement de Emerging Business Factory
Pascal Chevalier et Taoufik Aboudia au lancement de Emerging Business Factory (photos via Digital Business Club)

Marrakech, une ville pleine de potentiel

Depuis un ou deux ans, le Maroc attire les regards du monde startup et particulièrement des Français.

« Je crois beaucoup au potentiel croissance et innovation au Maroc, mais aussi à la possibilité d'en faire un hub pour l'Afrique » explique Pascal Chevalier.

Il n’est pas le seul à y croire. En Octobre, le fameux hub de l’innovation française NUMA a ouvert son antenne casablancaise.

En Octobre dernier, la première Sélection Internationale d’Endeavor au Maroc avait rencontré un succès inattendu. Pour Mike Cassidy, un vice-président de Google, Fadi Bishara, PDG de Blackbox, et de nombreux autres mentors et entrepreneurs, le Maroc est la porte d’entrée vers l’Afrique.

Le choix de Marrakech pour accueillir cet événement s’est imposé. Hôtellerie, lieux de conférence, aéroport international très bien desservi, l’infrastructure est idéale. 

« Il y a un truc énorme qui va se passer ici » estime Taoufik.

Marrakech est une ville très agréable à vivre, beaucoup moins chère et plus sûre que les autres grandes villes du pays, estime t-il.

« Il y a de plus en plus de seniors et de business angels qui adorent Marrakech et veulent tenter des expériences » ajoute t-il.

Un gros groupe d’entrepreneurs français y a déjà élu domicile, comme Patrick Chassany qui a créé Yala Music, et la tendance ne fait que s’accentuer.

D’autre part, les ingénieurs qui quittaient avant la Ville Rouge pour s’installer à Casablanca tendent à rester à Marrakech face à la détérioration des conditions de travail dans la capitale économique.

Un engouement public et privé

Les deux serials entrepreneurs que sont Taoufik et Pascal ont réussi à mobiliser de nombreux acteurs de poids. Ils ont ainsi noué un partenariat avec l’incubateur de la faculté de Cadi Ayyad, le CRT (Centre Régional Tourisme) de Marrakech, ville de Marrakech elle-même, Maroc Telecom, qui a fait arriver la fibre optique jusque chez eux, et de nombreux hommes d’affaire de la région.

Taoufik se dit bluffer par les startups locales qu’il a rencontré et espère arriver à 100% d’occupation d’ici fin 2016.

D’ici la fin janvier, 50 et 60 personnes représentant six startups devraient emménager dans l’espace dont Web Pick, l’agence de Taoufik et  MadeInMedina, le Time Out marocain.

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