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Ce que je sais de la réalité virtuelle : Walid Sultan Midani

Ce que je sais de la réalité virtuelle : Walid Sultan Midani

Walid with some experimenters
La réalité virtuelle, à consommer avec modération (Image via Digital Mania)

Clairement, l’attraction entre investisseurs et développeurs de réalité virtuelle (VR) s’intensifie.

Selon un rapport publié en 2015 par l’agence d’analyse de marché PitchBook, jusqu’à quatre milliards de dollars ont été investis, mondialement, dans le secteur de mi 2014 à fin 2015 (à noter, l’acquisition par Facebook d'Oculus Rift explique, à elle seule, deux milliards de dollars).

De nombreux fonds d’investissement en capital-risque souhaitent être plus impliqués dans ce secteur même si une question reste en suspens : d’où viendront les recettes ?

En ce moment, c’est de la création de contenu pour les marques que vient l’argent, estime Walid Sultan Midani, le PDG du studio de gaming tunisois Digital Mania, surtout dans une région où il est très difficile de se procurer un équipement de VR.

L’AR ce n’est pas la VR. Il y a différentes technologies. Avec la réalité augmentée (AR), vous ajoutez une couche sur quelque chose qui existe déjà, c’est pour cela que c’est « augmentée ». Vous prenez la réalité et ajoutez quelque chose par dessus. Avec la réalité virtuelle, vous êtes dans êtes dans quelque chose de complètement différent. Si vous imaginez le niveau le plus complexe d’AR, ce niveau rejoint le premier niveau de VR. Quand ils se rencontrent, on parle alors de « réalité mixte ».

Ivan Sutherland est important. Enfin tout du moi pour moi. Il a construit la première vraie expérience immersive et il l’a fait à une époque à laquelle la technologie n’était pas ce qu’elle est aujourd’hui. C’était mécanique, de l’électronique. Ensuite, il l’a amélioré pour qu’elle soit électrique. Créer de la technologie, c’est bien mais créer une plateforme, soit un phénomène où un groupe de personnes peut créer des expériences extraordinaires, c’est merveilleux et il mérite notre respect pour cela.  

Le son est clé. Une immersion totale ne peut pas avoir lieu sans une très bonne bande son. Les gens qui veulent créer quelque chose en VR doivent se rappeler de ne pas utiliser toute leur énergie à développer le graphisme – 50%  vient du son. Nous avons créé une « boite à sentiments » pour Coca Cola et, pour améliorer la VR, nous avons créé une plateforme mobile sur laquelle les utilisateurs peuvent se tenir debout, sentir l’air froid et chaud et les odeurs.

La VR n’est pas un marché ici. Au Maghreb, ou en MENA, la réalité virtuelle n’est pas un marché. Il ne faut pas se leurrer. Les clients sont des marques qui veulent créer quelque chose de différent lors de foires ou s’ils sponsorisent quelque chose. Comme Coca Cola. Je suis sûr que quelque chose va arriver dans la région mais cela dépendra de l’équipement, qui n’est pas encore accessible.

Le manque d’équipement nous empêche d’avancer. En tant que développeur [dans la région], nous galérons pour obtenir l’équipement. On ne peut pas juste aller dans une boutique et l’acheter. La version publique [d’Oculus Rift] est désormais accessible au public, vous devez la commander en ligne et ensuite attendre six mois. Ils [Oculus Rift] ne livrent pas en Tunisie. Alors, même en tant que développeurs, nous n’avons pas la chance de nous préparer pour ce que le marché est en train de créer. C’est un grand problème que nous avons avec cette partie du monde [les US]. Si nous étions là-bas, les choses seraient différentes. Je suis déjà passé par la commande et la livraison chez un ami en Europe trois fois. Ce n’est pas un problème d’argent mais d’énergie perdue.

L’océan VR est bleu. A l’heure actuelle, l’industrie VR, c’est des poissons, avec seulement quelques requins. Mais les requins ne vont pas tarder à arriver. Pour l’instant, les requins sont des fabricants de hardware d’applis et jeux, et nous pouvons facilement faire partie du premier lot de développeurs de VR prêts quand les nouvelles plateformes seront lancées. Avec mon équipe, on développe en mode baleine tranquille.

Le tourisme est un des futures de la VR. Nous pouvons utiliser la VR pour revitaliser quelque chose que nous avons déjà. Et pour la Tunisie, c’est définitivement le tourisme. Alors, si vous venez à Carthage et que vous mettez un casque, avec de la VR ou réalité mixte, je peux vous donner l’impression de vivre la vie d’un gars de Carthage il y a 2 000 ans. Pour des fins éducatives, il y a aussi des formations dans différents secteurs, de la médecine au militaire.

Utilisez la VR avec précaution. En tant qu’utilisateur, vous devez faire attendre à ce que vous prenez de la VR. En règle générale, les gens doivent faire preuve de modération avec n’importe quels types d’expérience, du sport aux études en passant par les jeux vidéo. Nous avons toujours conseillé aux utilisateurs d’avoir une vie équilibrée entre réalité et virtualité. Vous devez faire preuve d’éthique quand vous développez et prévenir ceux qui l’utilise de la mauvaise façon.  

La VR ne remplacera pas le gaming. Les modalités classiques de jeu, comme les consoles et les PC, seront toujours populaires, la VR ne les remplacera pas. Sur PC, cela sera plus complexe pour les joueurs hardcore, et avec la VR, on sera plus sur des expériences sensorielles. Il sera là pour remplir un vide que les gens cherche à combler, le manque de « sentiments ».

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