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A la rencontre des trois anglais qui ont emménagé dans un village de surf pour monter leur startup

A la rencontre des trois anglais qui ont emménagé dans un village de surf pour monter leur startup

Cet article fait partie d’une nouvelle série sur les entrepreneurs expats.

Nous sommes en 2013. Internet à haut débit est accessible presque partout dans le monde et des vols low-cost permettent de voyager avec un petit budget. Alors, pourquoi rester dans son pays pour monter sa startup ? 

Pourquoi pas se relocaliser dans le monde arabe ? C’est la conclusion à laquelle sont parvenus Dorothy Sanders, Jonny Miller et Dean Fischer lorsqu’ils ont décidé de lancer leur startup. Après s’être rencontrés à Londres alors qu’ils étudiaient l’économie ou la géographie, ces trois anglais d’une vingtaine d’année ont décidé de lancer Maptia, « une plateforme qui vous permet de créer facilement de magnifiques cartes de vos vies et des endroits autour de vous. »

Pour être honnête, ils n’ont pas tout de suite pensé au monde arabe. Ils sont d’abord allés au Chili pour rejoindre Startup Chile, un programme lancé par le gouvernement chilien pour attirer les meilleurs entrepreneurs en phase d'amorçage du monde entier. A la fin de leur incubation, ils ont été accepté à l’accélérateur TechStars Seattle. Quand leur visa américain temporaire arrivèrent à expiration, ils durent une nouvelle fois se relocaliser. Mais où ? Où pourraient-ils trouver un accès à internet à haut-débit et un niveau de vie abordable ?

Déménager au Maroc

Le choix ne fût pas facile, les trois entrepreneurs rêvant de Thaïlande, du Costa Rica et d’autres destinations exotiques. Ils finirent par se mettrent d’accord sur Taghazout, une ville marocaine connue pour ses spots de surf, car Jonny Miller y avait déjà vécu un été et que les billets d’avion depuis Londres sont particulièrement peu chers (compter 130$). 

En quelques semaines, l’équipe emménagea dans un appartement à 10 mètres de l’Océan Atlantique et commenca à travailler. « Cela se passe encore mieux que ce à quoi nous nous attendions » explique Jonny Miller. L’équipe dépense bien moins qu’à Seattle et y est bien plus productive avec seulement des pauses yoga et cuisine comme distraction.

Le plus : vivre à Taghazout leur permet d’être en contact direct avec leur futurs utilisateurs, les voyageurs.

Les trois fondateurs voient Maptia, qui devrait être prochainement lancé, comme une façon d’enregistrer leurs expériences et de donner aux autres l’envie de vivre leur vie à fond. « C’est comme un enregistrement vivant de nos relations émotionnelles avec les endroits qui nous entourent » explique Jonny Miller. Quoi de mieux qu’une ville de surf pour trouver des bêta-testeurs ? 

Un modèle à développer ?

Maptia n’a pas eu besoin de s’installer légalement au Maroc, leur entité légale étant enregistrée aux Etats-Unis, l’équipe fait venir leur électronique de Grande Bretagne et n’a pas eu besoin d’embaucher quelqu’un localement ou d’avoir à faire face à la bureaucratie marocaine. 

Dans le future, l’équipe aura besoin d’engager un ingénieur mais n’a pas encore décidé s’ils en engageront un sur place ou pas. Le récent buzz autour de leur choix de s’installer au Maroc a amené beaucoup de candidats à les contacter. Il ne leur reste plus qu’à trouver le bon candidat, comme dans n’importe quel écosystème.

En attendant l’équipe doit s’habituer au « rythme de vie soporifique » de Taghazout, « à dix milles lieux de [la] façon semi-frénétique qu’[ils ont] d’aborder la vie et le travail habituellement » m’avouent Jonny Miller. Le dynamisme de la scène startup à laquelle ils étaient habitués leur manque également.

Mais l’inconvénient majeur qu’ils rencontrent reste la difficulté de se créer ou de conserver son réseau. L’équipe compte sur son réseau préexistant, constitué pendant les deux programmes d’accelération qu’ils ont suivi, avec qui ils restent en contact virtuelement, et les billets à bas prix vers l’Europe pour rencontrer de nouvelles personnes. On imagine sans peine que leur histoire et leur localisation actuelle ne manque pas de marquer les participants aux réunions auxquelles ils assistent.

Mais un jour, il faudra bien retourner à la vraie vie. Le groupe ne cache pas la possibilité d’un départ vers Seattle ou la Silicon Valley en juillet pour lever plus de fonds ou d’un déménagement vers un endroit plus conventionnel selon les desideratas de leurs futures investisseurs.

Est-ce une bonne idée de sauter le pas et déménager dans un pays en développement ?

L’histoire de Maptia prouve bien à quel point on peut développer un produit destiné au marché international de n’importe quel endroit dans le monde.  Pour Jonny Miller, il peut cependant être difficile (mais pas impossible) de déménager dans un lieu éloigné si l’ont est lié familialement à un autre endroit, si l’on doit rencontrer des investisseurs de façon régulière ou si l’on cherche à former des partenariats.

Si Maptia souhaitait se développer au Maroc ou cibler le Maroc, leur histoire aurait été différente. Ils auraient pu aller à Casablanca, s’immiscer dans la scène startup qui s’y développe. Le gouvernement marocain s’est engagé à aider les entrepreneurs à gérer les aspects administratifs de la création d’une startup, pendant que des espaces de coworking comme Insane! commencent à voir le jour. C’est un début encourageant sur un marché moins saturé qu'en Europe et que les startups étrangères ne devraient pas négliger.

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